Les escaliers secrets d’Anduze

L’histoire d’une randonnée atypique

Afin de ne pas trop m’éloigner d’Alès pour mes premières explorations en Cévennes je regarde les lieux d’intérêts à proximité, et bien sûr on y trouve Anduze. Sa particularité est d’être bordé par sa grande barrière rocheuse avec d’un côté le Rocher Saint-Julien et d’un autre le Peyremale, entrecoupée par le Gardon.

Avant d’explorer, il faut préparer, j’aime bien consulter les cartes, différentes cartes; IGN, Strava, OpenStreetMap, GoogleMaps, Komoot, VisoRando, etc.

Je trouve bien sûr les traditionnelles randonnées Capelan, Lacan, Saint-Julien, Peyremale, je me les garde sous le coude mais c’est pas exactement ce que je cherche.

La découverte d’un chemin méconnu

C’est sur OpenStreetMap que j’observe un chemin qui n’apparaît pas sur les autres cartes, un chemin au nord du rocher Saint-Julien.

Ça m’interpelle un peu puisque de ce côté nord du « rocher », c’est de la falaise quasi-continue.

Je remarque également la mention T5 qui accompagne le chemin et je comprends qu’il s’agit de la classification de difficulté d’un chemin de randonnée (voir documentation OpenStreetMap).

Et T5 c’est une classification assez importante puisque ce n’est pas la plus difficile mais presque (T6).

On reviendra sur cette classification par la suite.

Je trouve quelques mentions de ces escaliers sur internet mais pas la moindre photo, et les mentions que je trouve sur internet ne sont pas cohérentes et il y a confusion avec les escaliers qui se trouvent en haut du village et permettent de monter au Saint-Julien.

Ce passage existe-t’il ?

Aucune vidéo Youtube, rien sur Facebook, il semble qu’il soit assez méconnu voire inexistant. Cependant deux indices vont me convaincre qu’il existe bel et bien un « passage » dans la falaise.

Le premier, sur Youtube, un bref passage sur une vidéo de drone au-dessus d’Anduze (côté Labahou) semble montrer quelque-chose.

Un escalier taillé dans la falaise 😨 Même pas sûr que l’auteur de la vidéo l’ait vu, le drone passe vite (https://www.youtube.com/watch?v=sWSdbQI6_Bs&t=27s).

Quant au pan de mur encore debout, d’anciennes fortifications sûrement, je ne trouve pas d’informations fiables à son sujet, il y a également confusion avec les anciens murs de la prison mais la prison c’est pas ici c’est de l’autre côté du rocher.

Le deuxième indice je le trouve sur Strava qui propose une carte de chaleur, ou dit autrement, une carte qui affiche le passage de précédents randonneurs sur cette trace.

C’est pas d’une précision redoutable mais on voit qu’une personne s’est aventurée par là, cependant on constate également que la personne a fait demi-tour au bas de la falaise, on va le voir plus tard mais le départ des escaliers n’est pas forcément très visible. La trace en diagonale semble, elle, être plutôt une imprécision de GPS d’un randonneur par la voie normale côté sud.

L’exploration

J’ai maintenant suffisamment d’éléments pour me motiver à aller observer cela par moi-même.

Je vous passe le départ et le sentier plus ou moins visible pour accéder au bas de la falaise, pas de balisage bien sûr.

J’approche…

Et après quelques montées abruptes, dans la terre, puis des pierriers… derrière une grosse roche et un arbre, un escalier ! 😮

Que je commence à arpenter, puis qui tourne à 180° en zig-zag pour attraper un autre escalier…

Je gagne en altitude rapidement et le vide commence à se faire important au bord des escaliers.

L’escalier est par moment très abîmé, la prudence est de mise, et c’est à ce moment-là que je vous recommande de ne pas vous rendre sur chemin si vous n’êtes pas conscient de la difficulté, et encore davantage valable pour nos amis touristes. Il n’y a rien pour se tenir, la falaise est taillée lisse d’un côté et pas de garde-corps, ni de corde, rien.

Puis le sommet !

Je n’ai pas compté les marches, concentré plutôt sur mes pieds, mais c’est l’équivalent d’une demi tour Eiffel montée par la falaise (150 mètres).

Mes premières impressions me font penser à l’escalier du mordor dans le Seigneur des Anneaux, ou les escaliers de la montagne des nains dans le Hobbit 😄 L’endroit est assez magique.

Les escaliers sont globalement encombrés de terre ou de végétation, fait intéressant les marches ne semblent pas usées par le passage. La classification T5 est peut-être un peu exagérée car il s’agit d’une montée par des escaliers et non dans un lieu complètement naturel, même si parfois c’est technique, une classification T4 irait mieux.

Un peu d’histoire

Après avoir relaté mon périple sur un groupe Facebook privé d’Anduze, j’obtiens des retours enrichissants, en plus du fait que les gens voient ces photos pour la première fois, certains que je remercie me font part de l’origine potentielle de ces escaliers, soit plus de 1500 ans, à l’époque des Volques Arécomiques.

« Enfin, du côté de l’à-pic de la « Baou », nos ancêtres gaulois n’hésitèrent point à tailler dans le roc un escalier en zig-zag, haut de plus de 150 mètres ! En cas de défaite, ils conservaient ainsi un refuge vers les Cévennes. Cette œuvre, formidable pour l’époque, existe encore en entier, et il suffirait de quelques travaux pour la rendre accessible aux touristes aventureux. »

Paul ARNAL

Extrait d’une revue trimestrielle « Causses et Cévennes », le n°1 de l’année 1914.

Ces escaliers feraient pour sûr un magnifique parcours de via-ferrata ou via-corda avec un attrait certains pour les touristes, mais ce serait aussi, probablement, dénaturer cet ouvrage.

Si vous souhaitez voir plus de photos de cette sortie et consulter les échanges sur ce sujet, je vous invite à consulter la publication Facebook (rejoindre le groupe ANDUZE est nécessaire).

J’ai continué ma randonnée par l’arrête du Saint-Julien, très sympa et sauvage également, pour terminer en haut du Capelan.

Les escaliers vus depuis le Capelan et mis en surbrillance.

Je ne partage pas de trace (fichier GPX) pour cette sortie, vous êtes libres d’explorer, et toujours sous votre responsabilité.

A très bientôt !

5 Réponses

  1. Bravo et merci pour le partage de cette belle découverte. C est super de s intéresser aux « vieilles traces  » oubliées par les années.

  2. Vous faites des explorations téméraires et enrichissantes dénotant de toutes les traces visirando dont raffolent les pimpins avides de selfies qu’ils posteront tels les aventuriers.
    Vous vous en êtes un vrai merci et félicitations pour votre discrétion

  3. Bravo pour ce travail remarquable que vous avez eu
    la volonté de partager avec le plus grand nombre.
    Félicitations et un grand merci.
    Je m’abonne …

  4. Et bien bravo pour ta redécouverte, ça méritait d’être découvert, et en espèrent une réfection pour nos enfants. Oui tu as fait un enorme travail pas seulement dans la découverte mais aussi dans sa diffusion, son partage à bientôt de te lire merci

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